"Rachida Dati, l'insubmersible": enquête sur le parcours singulier d'une femme politique inclassable





Rachida Dati est l'une des personnalités les plus inclassables du monde politique français. Magistrate, ministre sous Sarkozy, désormais ministre de la Culture mise en examen pour "corruption" notamment... BFMTV retrace dans une enquête Ligne Rouge diffusée ce vendredi 11 octobre le parcours de cette femme à la répartie singulière.

Une "tata flingueuse", une élue qui "a un truc en plus", une "intermédiaire" pour Carlos Gohn? Rachida Dati est l'une des personnalités les plus inclassables du monde politique français. Celle qui vise l'hôtel de ville de la capitale en 2026 a fait son retour cette semaine au conseil de Paris.

Reconduite à son poste de ministre de la Culture malgré sa mise en examen pour corruption dans l'affaire Renault, elle semble aujourd'hui insubmersible. Quelles sont ses méthodes? Pourquoi est-elle aussi populaire? Ses démêlés judiciaires seront-ils un frein à son ambition? Ligne Rouge a enquêté sur cette énigmatique ministre, dans un long format diffusé ce vendredi 11 octobre à 10h50 sur BFMTV.

"Son parcours fait qu'elle ne ressemble pas aux autres", affirme Ludovic Vigogne, journaliste politique à La Tribune Dimanche. Née en 1965 de parents immigrés (sa mère est algérienne et son père marocain), elle grandit dans un HLM de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, entourée de dix frères et sœurs.

Après des études d'économie et de droit, elle devient magistrate en 1999 sur les conseils de Simone Veil. Puis, après avoir été conseillère de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre, elle rejoint le gouvernement pendant son quinquennat en tant que garde des Sceaux de 2007 à 2009. Avant de devenir députée européenne jusqu’à 2019 ainsi que maire du VIIe arrondissement de Paris.




Une "usine à punchline"

Au fil des années, elle s'est imposée comme une "usine à punchline", selon les mots du grand reporter au Monde Fabrice Lhomme. Une répartie qui peut prendre une tournure plus brutale, comme Agnès Buzyn l'a découvert lors des élections municipales de 2020 à Paris. Elle est alors la candidate de la macronie. Face à elle, Rachida Dati représente les Républicains.

"Rachida Dati a dit clairement: 'Il y aura un pacte de non-agression entre nous' et c'est très drôle parce que ce pacte de non-agression, il a été rompu le lendemain matin", raconte-t-elle à BFMTV.

"Stanislas Guérini qui était à l'époque sur ma liste et qui était député de Paris et secrétaire général du parti avait répondu à une interview en disant que nous ne ferions pas alliance avec Rachida Dati car nous n'étions pas sur la même ligne progressiste", ajoute l'ex-ministre de la Santé. Cette dernière affirme avoir alors reçu un appel de Rachida Dati: "Elle me dit, 'vous avez rompu le pacte et donc je vais lâcher les chiens'".



Dans la foulée, Agnès Buzyn reçoit un SMS disant: "Je vais rétablir la vérité sur vos mensonges et surtout à quand Dati avec une croix gammée sur le front? Alors pas de leçons de morale!!!" "Une réponse "disproportionnée", commente-t-elle aujourd'hui. "Personne n'a jamais accusé les LR d'être d’anciens nazis, enfin ça n'avait pas de sens. C'était inapproprié en réalité", regrette l'ex-ministre déplorant de la "pression" et de "l'agressivité" de la part de sa concurrente.

"Salut le facho"

Si Rachida Dati intimide parfois, c’est aussi parce qu’elle est très bien informée. Certains la surnomment d'ailleurs "Rachida Data". Des informations qu'elle peut menacer d'utiliser, comme par exemple en 2013 contre Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur. Dans un SMS révélé par Mediapart, elle évoque certaines affaires dans lesquelles il serait impliqué.

"Salut le facho, (...) je vais dénoncer l’argent liquide que tu as perçu pour organiser des rdv auprès de Sarko lorsqu’il était président, des relations tout aussi liquides que tu as eues avec Takieddine, l’emploi fictif de ton ex à la Caisse d’Épargne (...) Alors maintenant, je te préviens très fermement: tu me fous la paix! Je ne te lâcherai pas espèce de voyou!"

"Les autres travaillaient pour elle"

Et lorsqu'elle décide de se lancer en politique, Rachida Dati va cibler l’une des figures montantes de la droite, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Magistrate depuis trois ans, elle lui envoie une lettre avec une enveloppe siglée "parquet de Paris" pour attirer son attention, tout en rayant partiellement cette mention pour respecter le devoir de réserve auquel elle est tenue, selon Fabrice Lhomme.

Nicolas Sarkozy la reçoit et lui propose de rejoindre son cabinet. Elle découvre donc en 2002 le fonctionnement d'un cabinet ministériel, avec une attitude parfois désinvolte, selon le témoignage d'un collaborateur.

"Elle ne voulait pas ou ne savait pas constituer de dossier ni faire une note, ni faire un discours", raconte-t-il à BFMTV. "Elle avait installé ce système où les autres travaillaient pour elle, elle le disait en riant: 'Vous savez bien que je ne sais pas écrire!'", ajoute-t-il sous couvert d'anonymat.

Une ministre mise en examen

Malgré sa popularité, une affaire continue de suivre Rachida Dati. En 2010, un an après avoir été élue députée européenne, elle décide de devenir également avocate et de se lancer dans les affaires. Une collaboration alors effectuée avec RNBV, filiale de l'alliance Renault-Nissan, lui vaut d'être mise en examen depuis juillet 2021 pour "corruption" et "trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public".

Elle est soupçonnée d'avoir perçu 900.000 euros de la part de RNBV, filiale de l'alliance Renault-Nissan, sans contrepartie d'un travail réel, entre 2010 et 2012, alors qu'elle était avocate et députée européenne. Les investigations ont cherché également à déterminer si cette convention d'honoraires aurait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen, interdite à tout élu.

"Le gros problème de Rachida Dati dans cette affaire précise, c'est qu’elle n'arrive pas à fournir ces documents (prouvant qu'elle a bien fourni un travail, NDLR) ou en tous les cas, ils sont absolument insuffisants aux yeux des enquêteurs", explique Fabrice Lhomme.

Dans ce dossier, Carlos Ghosn, qui vit au Liban, fait l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis avril 2023. La ministre de la Culture conteste toute irrégularité et demande l'abandon des poursuites pour prescription.




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